Comment agir face à un immeuble présentant un danger?
Lorsqu’un logement ou un immeuble présente un danger pour la sécurité de ses occupants ou du voisinage, le maire (ou le cas échéant le président de l’EPCI, voir ci-dessous la rubrique Qui doit agir ?) peut engager une procédure de mise en sécurité (anciennement appelée procédure de péril).
Deux situations sont à distinguer selon la cause du danger :
- Si le dommage est extérieur au bâtiment (ex : inondation, coulée de boue, chute d’arbre, etc.), le maire peut intervenir au titre de son pouvoir de police général (non évoqué dans cette fiche) ;
- Si le dommage est inhérent au bâtiment (ex : fissures, détérioration des matériaux, etc.), le maire doit mettre en œuvre une procédure de mise en sécurité ordinaire ou d’urgence.
L’objet de ce tutoriel est de vous aider à mettre en place la procédure de mise en sécurité.
Schéma récapitulatif de la procédure de mise en sécurité ordinaire
Schéma récapitulatif de la procédure de mise en sécurité d'urgence
Liste des questions :
- Comment être informé d’un danger sur un immeuble ?
- Dans quel cas faut-il agir ?
- Qui doit agir ?
- Comment établir l’état de péril d’un immeuble ?
- Quelle procédure choisir à l’issue du rapport ?
1 - Comment être informé d’un danger sur un immeuble ?
Toute personne ayant connaissance de faits révélant une situation d’insécurité d’un bâtiment de péril doit les signaler au maire par tous moyens.
Les élus ou les agents municipaux ou intercommunaux peuvent également faire ce signalement au maire.
Voir modèle de constat visuel d’immeuble (ou mur) en situation de péril
2 - Dans quel cas faut-il agir ?
Un bâtiment est considéré comme en état de péril lorsqu’il présente un danger pour la sécurité de ses habitants ou de tiers dans les cas suivants :
- Murs, bâtiments ou édifices n’apparaissant pas assez solides ;
- Equipements communs d’un immeuble d’habitation (installations et canalisations d’eau et d’électricité, ascenseurs, chauffage collectif…) défectueux ou non entretenus ou portant gravement atteinte aux conditions d’habitation ou d’utilisation des lieux ;
- Matières explosives ou inflammables conservées dans un immeuble d’habitation ou dans un local attenant, à condition que cet entreposage viole les règles de sécurité applicables ;
- Bâtiment insalubre (relevant de la compétence du préfet).
Rappel : n’oubliez pas de mettre en place un périmètre de sécurité si les circonstances le nécessitent en attendant le lancement de la bonne procédure de mise en sécurité (adoption d’un arrêté de police en ce sens).
3 - Qui doit agir ?
L’autorité compétente est :
- Soit le maire ;
- Soit le président de l’EPCI (par exemple la communauté de communes), si le pouvoir de police en matière d’habitat lui a été transféré (politique du logement par exemple) ;
Attention : si le bâtiment présente un problème d’insalubrité et non de sécurité, c’est le préfet qui est compétent dans le cadre d’une procédure distincte. Ce dernier peut notamment être saisi par le maire.
4 - Comment établir l’état de péril d’un immeuble ?
L’autorité compétente peut demander ce constat de 3 façons différentes :
- Soit, de préférence, par un expert judiciaire : l’autorité compétente saisi le tribunal administratif qui désigne l’expert (frais à la charge du propriétaire),
Voir modèle de demande de désignation d’un expert judiciaire par le tribunal administratif
- Soit par un artisan,
- Soit par les services techniques municipaux ou intercommunaux s’ils sont compétents.
Ce constat est rédigé sous la forme d’un rapport indiquant l’état de l’immeuble de façon détaillée et les travaux à réaliser pour mettre fin au danger.
Pour réaliser ce rapport, une visite sur les lieux est nécessaire. Elle s’effectue entre 6h et 21h.
Attention ! Lorsque le propriétaire refuse l’accès :
- si c’est un expert judiciaire qui intervient : il peut faire appel directement à la force publique
- si ce sont les services techniques ou un artisan qui intervient : le maire doit saisir le juge judiciaire en référé.Rappel : en cas de danger grave ou imminent, le maire peut prescrire des mesures de sûreté en urgence en attendant ou en parallèle d’une procédure de mise en sécurité d’urgence.
5 - Quelle procédure choisir à l’issue du rapport ?
Le rapport doit mentionner si le danger est imminent ou pas. Le maire peut s’appuyer sur ces éléments pour engager la procédure adéquate :
Il existe deux procédures :
- La mise en sécurité ordinaire : cette procédure est utilisée en présence d’un risque pour la sécurité et la santé des personnes ;
- La procédure d’urgence : cette procédure est utilisée lorsque le danger est imminent et manifeste.
Si vous n’avez pas réussi à trouver la/les réponses dans notre tutoriel, vous devez nous saisir par le biais de ce formulaire (réservé à nos adhérents) :
Formulaire de saisine pour les immeubles en péril
Textes de loi et références

- Article L. 511-2 du Code de la Construction et de l’Habitation (CCH) (cas dans lesquels la police de la sécurité et salubrité des immeubles, locaux et installations peut être mise en œuvre);
- Article L. 511-6 du CCH (signalement d’un bâtiment dangereux) ;
- Article L. 511-7 du CCH (accès et visite de la propriété)
- Articles L. 511-8 et L. 511-9 du CCH (premier constat visuel)
- Article L.2212-4 du code général des collectivités territoriales (pouvoir de police du maire pour prendre des mesures de sûreté d’urgence en cas de danger grave ou imminent)
- Article L. 5211-9-2 I A du code général des collectivités territoriales (transfert des pouvoirs de police du maire au président de l’EPCI en matière de bâtiments présentant un danger pour la sécurité publique) ;
- Article R. 511-9 du CCH (créance pour la commune à la charge du propriétaire) ;
- Réponse ministérielle à question écrite n° 22087, publiée au JO Sénat du 30/09/2021, p. 5647 (possibilité pour les services municipaux de s’appuyer sur un rapport d’un homme de l’art pour proposer un projet d’arrêté de mise en sécurité au maire).
CSS pour les tutos juridiques